vendredi 6 février 2009

Mémoires : Traversée cynégétique


10 Novembre 1991

Alors que les derniers reliefs du rivage disparaissaient peu à peu dans la brume, je prenais l’air marin en poupe d’un Ferry ventru glissant paisiblement sur les eaux noires du crépuscule. Le voyage vers les côtes britanniques durerait huit longues heures que je prévoyais consacrer entièrement à mon passe-temps favori : la chasse. Le col relevé de mon manteau occultant mon voyeurisme, j’inspectai les alentours. Je n’avais pas l’apanage de la curiosité. Un gosse me regardait sous le nez de ses deux grandes billes avides. Je tirai une cigarette et l’allumai dans le creux de mes mains. Mon profil de rapace sous l’éclairage de la flamme ne dut guère plaire au petit fouineur, car il disparut dans les pattes de ses parents accotés à la rambarde. Tous deux se penchèrent et lui adressèrent un sourire niais. Sans surprise ils débordaient d’une admiration banale pour leurs créations le tout enrobé d’amour. Tout comme une barre chocolatée, je pouvais m’en procurer un peu partout et cela ne comblerait pas mon appétit. Rabaissant mon feutre jusqu'à dissimuler mes yeux je continuai mon inspection. Non loin, un couple de retraités, lancés dans une querelle de chiffonniers, attirèrent mon attention :
« …de ta faute. Tu m’aurais écouté, une fois encore ! Tu aurais réservé une cabine comme je te l’avais demandé. Mais non, bien sûr ! Habituellement les bateaux regorgent de place. Sauf qu’aujourd’hui il regorge de monde ! Assena la matrone crescendo.
- Ecoute Renée, je ne pouvais pas prévoir à la fois une grève surprise des aéroports et ensuite qu’autant de personnes se rabattraient sur le ferry.
- Non en effet il te suffisait de faire ce que je te disais. Beaucoup trop… »
J’étais déçu ce n’était pas l’éclat que j’attendais. Il s’agissait juste d’une querelle chronique, une pièce de théâtre répétée pendant des décennies. Elle et sa colère molle et lui et sa culpabilité feinte étaient impropres à satisfaire mes instincts.
La chasse commençait bien mal. Avec regret je songeai à mon avion parisien paralysé au sol par cette grève inopinée. Huit heures de Ferry ne vaudraient jamais les quelques secondes d’un décollage ou d’un atterrissage ! Une dernière bouffée et les cendres de ma cigarette rejoignaient le filtre. Par dépit mon attention se rabattit sur une jeune fille esseulée. Pessimiste, j’imaginais déjà une célibataire légèrement déprimée ou une amoureuse moyennement transie. Mais ce que je découvris réveilla soudain mon intérêt et mes espoirs.


*


Les questions ontologiques : Quel sera le bilan de ma vie ? Quel rêve poursuis-je ? Quelle est ma place dans ce bas monde ? Je n’en ai cure. Je suis vide, certes. Comme une corde silencieuse quand on la pince, ou un parfum sans senteur. Qu’importe le bétail humain attend d’être trait au dehors. Il suffit de masser leur pis cérébral pour en extraire de chaudes émotions qui viennent combler mon manque. Mais avec le temps je suis devenu un gourmet, je ne me contente plus d’une piquette. La banalité m’ennuie, et l’ennui tue. Alors, armé de patience, je traque les proies idéales celles qui recèlent des joyaux : rubis de colère, andalousite de désespoir, saphir de bonheur. Lorsque ces émotions sont à leurs paroxysmes. Ô quelle jouissance. Le plaisir d’un joaillier devant une pierre parfaite. Ce sont mes trophées immatériels que je subtilise, étiquette, classe puis range soigneusement dans un coin de mon esprit.
Je n’ai jamais vraiment essayé de comprendre l’origine de mon don, mais je sais l’exploiter sans vergogne. Vous imaginerez sans peine l’intérêt de connaître l’état psychologique de votre interlocuteur qu’il s’agisse de votre petit(e) ami(e), de votre collègue… de votre patron. Vous savez quand intervenir, caresser les points sensibles et mieux encore si votre but est atteint. Ce qui en ce 10 novembre 1991 faisait de moi un psychologue riche, avec beaucoup de temps libre et entièrement dévoué à sa passion.


*


La météo britannique me rouillait déjà les méninges. Comment aurais-je pu autrement passer à côté de cette fille sans sentir ce qui irradiait d’elle ? Une onde pulsatile élançant comme une rage de dents, une perle noire : la peur. Une de mes émotions préférées. Ici, elle était viscérale, primale, d’une pureté inestimable.
Celle qui je n’en doutais plus serait ma proie fumait nerveusement à quelques pas de moi comme une gazelle aux aguets. Je me lançai dans une analyse rapide : pas d’alliance, pas de bagages ni sac à main, des vêtements sobres mais soignés et de qualité. Elle n’était donc pas mariée, possédait certainement une cabine dans laquelle elle finirait par échouer après un dîner rapide et équilibré. Elle tira nerveusement une seconde cigarette de son paquet et je sautai sur l’occasion pour un premier contact :
« Laissez-moi vous aider », lançai-je en m’approchant derrière elle.
Surprise, elle bondit sur le côté. Pour excuse, je désignais du regard mon briquet et me fendais du sourire apaisant que je réservais habituellement à mes patients.
Elle me dévisagea mal à l’aise quelques instants puis jeta des coups d’œil inquiets aux alentours. Elle finit par bafouiller rapidement :
« Je comptais rentrer de toute façon. »
Une bouffée de chaleur me parvint lorsqu’elle tira nerveusement la porte coulissante. Elle s’enfuit à grande enjambée. Manifestement, je n’étais pas son type d’homme, à moins que la peur qu’elle nourrissait alimente déjà une paranoïa aiguë. Ce qui ne faisait qu’attiser ma convoitise. A mon tour, je me ruai à l’intérieur du bateau.


*


Le langage est totalement inadapté pour parler du cerveau, car il implique de découper et de définir en partie ce que je perçois en réalité comme un tout. Souvenirs, émotions, sensations tout cela s’entremêle et s’imbrique. La comparaison la plus pertinente bien que simpliste, me parait être celle de l’œil discernant le spectre des couleurs qui se fondent et s’engendrent. Mon don est semblable et s’applique uniquement aux émotions. Le reste : pensées, ressenti, mémoire m’apparaissent comme des impuretés dont la signification m’est refusée.
L’extraction des émotions est une phase difficile, tenant de l’acte chirurgical. La clef étant bien sûr d’opérer sans attirer l’attention. Il me faut alors toute la dextérité d’un pickpocket pour subtiliser mon trophée. La connexion effectuée avec ma cible pouvant se retourner contre moi. A mes débuts, je dus braver ce type d’incidents. Dans le meilleur des cas, ma proie révélait une soudaine antipathie à mon égard et cherchait la confrontation. Cependant, la situation pouvait totalement dégénérer lorsque comme une rivière qui découvre un nouveau lit, le flot mental de la cible se détournait soudain et inondant mon esprit provoquait crise d’épilepsie ou syncope. Des années de pratique, et un rituel de chasse avaient eu raison de ce genre de dérapages, mais le risque couvait toujours.



*


Progressant rapidement dans les couloirs étroits, je percevais du coin de l’œil mon reflet dans les carreaux luisants. Au-delà, les ténèbres drapaient dorénavant une mer dont l’agitation ne me parvenait que par le bruit des vagues et le roulis du navire. Une ambiance sereine envahissait doucement les alentours. Les passagers semblaient s’être tacitement entendus pour préserver la quiétude nocturne. J’en croisais quelques-uns parlant à voix basse et avançant à pas mesurés. J’approchai bientôt du centre de l’embarcation. Des magasins détaxés occupaient l’endroit. La lumière tamisée de leurs vitrines éclaira brièvement ma proie qui disparut dans un détour. Voulant accélérer l’allure je percutai une adolescente joufflue les bras remplis de confiseries.
« Hé ! Regardez où vous allez », grommela-t-elle.
S’accroupissant pour ramasser ses friandises, elle me bloqua le passage. Je l’aurais volontiers enjambé si elle n’avait pris tant de place. Je me déhanchais donc pour tenter d’apercevoir les escaliers menant à l’étage inférieur.
« Vous poursuivez quelqu’un ou quoi ? Se rappela-t-elle à moi. Je l’avoue, cette godiche faisait preuve d’une clairvoyance bien embarrassante. Elle s’était relevée et me lorgnait comme un morceau de viande avariée.
- Je cherche le restaurant à l’avant, dis-je en tentant d’ôter toutes traces d’agacement dans ma voix.
- Bah c’est pas dur pourtant, vous allez… »
Ni tenant plus, je lui passai devant sans autre forme de cérémonie et me délectai même d’un hoquet de surprise offusqué ayant réussi à remonter sa gorge grassouillette. La traque de ma proie reprenait et pariant sur la cafétéria je m’y rendis directement. Je me félicitai de mon discernement en l’apercevant commandant un plateau-repas.


*


Avant cette traversée, je ne m’étais jamais véritablement intéressé au devenir de mes proies après les avoir dépouillées de leurs émotions. L’introspection à cette époque n’était pas mon fort. Le chat s’intéresse-t-il encore à la souris une fois qu’il a fini de jouer avec elle ? Toutefois, au hasard d’une rubrique nécrologique ou faits-divers, je reconnaissais parfois mes victimes, à qui j’avais volé : amour, joie, peur, confiance…Et que sais-je d’autre encore ? Semblant profondément affectées par mes spoliations, elles se lançaient dans des actes désespérés : dépression, suicide, violences, meurtres… N’affectant pas le cours de ma vie cela ne méritait pas de s’y attarder.
La conclusion de ce voyage m’a amené à revoir mon jugement et d’étudier de plus près ce qui régule l’équilibre psychique chez mes semblables. L’histoire est pleine d’expériences intéressantes comme celle de l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen qui fit enlever à leur mère des nourrissons pour les élever dans le silence absolu afin de découvrir la langue originelle. Sur ce dernier point l’expérience s’est relevée stérile : les enfants étant morts avant d’avoir prononcé un seul mot et d’arriver à l’âge de huit ans. Mais sur le plan émotionnel elle est intéressante, si l’on considère le langage comme un vecteur de l’affectif.
Moi qui ne ressens rien, j’ai besoin d’assouvir mon vide pour perdurer. Ma chasse relève donc de l’instinct de survie.


*


Je m’attablai de manière à rester hors de vue de la jeune femme, et passai directement à la mise en joue. Un observateur éventuel pouvait me voir la dévisager de manière plus que déplacée, je le savais, et j’escomptais abréger mon opération au plus vite. En temps normal, le point culminant de ma chasse est l’ablation de l’émotion de ma proie, un peu comme décapiter un cerf. A mon grand regret, je fus privé de ce plaisir. Fasciné par sa beauté, je m’approchai précautionneusement de la perle noire enfouie dans la tête de cette jeune femme. Je l’enserrai doucement jusqu'à ce qu’une pensée étrangère vienne s’immiscer et me distraire. Je stoppai net. On m’observait. Pas visuellement mais à travers mon don. Cette impression inédite me fit oublier ma cible. C’était aussi désagréable que de découvrir les empreintes d’un autre chasseur sur ma piste. Je détournai ma concentration vers cette présence inconnue. Mais celle-ci me flanqua la porte de sa conscience à la figure. Elle : c’était une femme, tout ce dont j’avais eu le temps d’entrapercevoir. La réalité physique me rattrapa soudain.
« Vous m’avez suivi ! »
L’exclamation aurait pu passer inaperçue si elle n’avait été accompagnée d’un claquement tonitruant du plat de la main sur la table devant moi. J’avais oublié ma proie, et payais le prix de ma négligence. J’aurais difficilement pu mieux faire pour exacerber sa paranoïa. Pendant que mon esprit furetait à droite à gauche mon corps laissé à l’abandon faisait fi des règles sociales officieuses : révélant une bouche béante, des yeux luisants de convoitise. Je regrettais qu’ils ne soient pas révulsés, au moins, j’aurais pu plaider la maladie.
« Qu’est-ce que vous me voulez ? Vous êtes une espèce de pervers, c’est ça ? Ne vous approchez plus de moi, c’est compris ? »
La jeune fille effectua un demi-tour militaire et s’enfuit. Je ne m’étais pas retrouvé dans une situation aussi inconfortable depuis mon adolescence et mes balbutiements pour dominer mon don. Cette fois la partie était finie. Avec cette petite altercation, j’étais le centre d’attention de tout le réfectoire. Je maitrisai pourtant ma hargne, et obéis. Je restai planté sur mon siège afin que les voyeurs m’entourant témoignent de ma bonne foi. Ou plutôt, c’était mon plan avant qu’un clin d’œil fugace me fasse changer d’opinion. Imaginez-vous, une vieille femme petite et desséchée, ses pommettes hautes tirant les commissures de ses lèvres filiformes et lui barrant le visage d’un sourire persistant. De lourds cernes venaient souligner des yeux verts et étroits perçants de malice. Ses habits conformistes semblaient destinés à se fondre dans la foule. Mais plus que tout, d’elle n’émanait aucune émotion. J’eus instantanément la certitude qu’elle était la cause du revers que je venais d’essuyer. Mais déjà, elle s’en allait. La tentation était trop grande. Je la suivais. Même si, au vu de tous j’allais passer pour un pervers cherchant à rejoindre la jeune fille. Au diable les qu'en dira-t-on !
Le pas alerte malgré sa canne, la veille défraîchie dévalait les escaliers et enfilait les couloirs avec une rapidité peu commune chez une personne de son âge. Pour ne pas la perdre, je dus forcer l’allure. J’arrivais finalement juste à temps pour la voir disparaître derrière la porte d’une cabine. La coursive insipide fut le théâtre de mon indécision. Il me fallait des réponses. Depuis toujours j’étais le borgne au royaume des aveugles, mais elle, c’était une voyante ! Sans frapper, j’entrais… dans une grotte.
Pris au dépourvu, je fis un tour sur moi-même, me révélant l’incohérence de la situation. Je venais de passer une porte, mais je ne la discernais nulle part, et bien qu’aucune ouverture ne soit visible une lumière diffuse éclairait l’endroit. Ma montre indiquait 23h00, 10 novembre. Tout cela n’était donc qu’imagination pourtant ces lieux ne m’évoquaient aucun souvenir. Ici les parois semblaient vomir des coulées blanchâtres, là des circonvolutions aux reflets bruns et verdâtres suintaient d’humidités, me donnant l’étrange impression d’être tombé dans l’estomac d’un monstre démesuré. Des profondeurs rocheuses me parvenaient les gazouillis légers de l’eau s’écoulant le long de rigoles ou bien tintait d’un doux clapotis en s’égouttant dans de vastes flaques. Soudain je crus comprendre à qui attribuer ce méchant tour : le fossile à la canne. Je ricanais ostensiblement et l’écho amplifia mes railleries.
« Quel symbolisme est-ce donc là ? De la psychologie jungienne, de la philosophie platonicienne, ou bien du fanatisme religieux ? » Hurlais-je à la cantonade.
Aucune réponse ne me parvint si ce n’est les rebonds de ma voix sur la pierre. Toutefois, je ressentis une légère pression comme si l’on voulait écarter mon intervention, comme une mouche qui dérange. Ainsi, cette vieille carne avait le pouvoir de contrôler mon esprit. Depuis combien de temps me surveillait-elle ? A la lumière de ces nouveaux faits, je repassais les événements de ces dernières heures. La jeune femme n’avait été qu’un appât pour m’attirer ici, mais pourquoi ?
« Pour que tu la violes, tais-toi maintenant ! » Cette pensée me frappa comme une gifle, elle n’était pas de moi. Loin de temporiser mon raisonnement, cette incursion l’accéléra. Combien de témoins m’avaient vu de près ou de loin avec cette fille ? Quels sont ceux qui pourraient attester un comportement pervers ? Et après, je n’avais violé personne ! Cinglante de mépris, une nouvelle intervention teintée d’irritation me parvint : « C’est une question de temps ».
Je comprenais soudain, ayant capturé mon esprit, elle contrôlait mon corps ! Avec le recul, l’électrochoc ce jour-là, fut la surprise et non la peur. La surprise vous met à nu ou plus exactement vous trouve à nu. Elle brise les automatismes, nous ramène à des instincts purement primitifs de survie immédiate. Je ressentis réellement la surprise comme une émotion. Mes barrages psychiques explosèrent, et je me déversai tout entier vers ma geôlière dans un abandon suicidaire. Je partageais un instant son âme. Elle me traquait depuis des mois à travers les proies que je laissais traumatisées derrière moi. Consciente que la nature inexplicable de mon don ne pouvait être présentée devant une cour de justice, elle avait trouvé un palliatif par ce viol. Pourtant, je compris que derrière cette façade de redresseur de torts se cachait un réel dégoût de ma personne. La façon dont j’avais exploité mes capacités la révoltait. Mon absence d’humanité était une anomalie de la nature qu’il lui fallait purger. Mais plus que tout elle craignait que je puisse accroitre mes facultés mentales et représenter un danger même pour elle. Je tourbillonnais en elle fasciné par ses pouvoirs, comme un insecte fonçant sur la flamme. Pourtant, le bruit des embruns contre le hublot de la cabine m’atteignit soudainement et je m’y raccrochais éperdument. La colère de la vieille femme s’abattit sur moi comme un oiseau de proie.
« Reste où tu es mécréant. »
Des serres fouillèrent dans mon cerveau pour tenter d’arracher quelque chose. Puis tout disparut subitement dans un nuage de volutes noires, qui se dispersant me livrèrent la réalité de ma situation. J’étais dévêtu, surplombant la jeune fille, nue elle aussi, que j’avais poursuivie plus tôt. Coralie indiquait un médaillon. Bâillonnée et attachée, elle se tortillait sous moi. Ses yeux terrifiés roulaient dans leurs orbites comme deux billes infernales. Je me redressais brusquement. On tempêtait et tambourinait :
« …allez débloquer cette porte immédiatement ou nous allons l’enfoncer ! »
Des coups d’épaule vinrent étayer l’allocution, faisant trembler le chambranle. Une canne que je ne connaissais que trop bien bloquait la poignée. Un piège retors finissait de se refermer sur moi. Des témoins étaient susceptibles de retracer chaque étape de mon voyage : le petit garçon, l’adolescente, une bonne trentaine de personnes dans la cafétéria, ma victime. Les dents sur le point de me broyer étaient celles d’un viol avec préméditation. Il me restait une poignée de secondes. Je les utilisai pour voler la peur de cette jeune femme. Instantanément l’expression d’effroi sur son visage vira à la fureur. Comme un effet secondaire au vol de ses peurs, la colère l’envahit. Je la libérai de ses liens.
Les événements qui suivirent déferlèrent sur moi sans que j’aie prise sur eux. Coralie se jeta sur moi toutes griffes dehors. Au même moment dans un fracas retentissant, des membres d’équipages firent irruption. Ce fut la jeune femme qu’ils durent maîtriser en premier. Toutefois, des menottes rejoignirent peu après mes poignets. Coralie continuait de m’injurier copieusement alors que l’on couvrait sa nudité. Un tranquillisant fut finalement nécessaire pour la calmer. Quant à moi je ne pipais mot même lorsqu’on m’interrogea. On finit par nous conduire à l’infirmerie. Une chose m’échappait : aucune trace de cette vieille garce. La lumière se fit lorsque je découvris à l’infirmerie un médecin penché sur l’instigatrice de ma disgrâce. Il baissa les bras c’était fini. Il penchait pour un accident vasculaire. En étais-je la cause ? Ou le stress avait-il précipité sa perte ? Qu’importe, un large sourire renaquit sur mes lèvres.



*


Des mois ont passé, mon jugement a finalement été prononcé au tribunal correctionnel où je fus condamné pour agression sexuelle. J’ai échappé à la cour d’assise, le chef d’accusation ne pouvant être un viol sans « pénétration ». Bénéficiant d’un sursis, à la sortie du tribunal j’étais libre.
Je dois remercier cette vieille mégère. Que dit le proverbe : « Un homme averti en vaut deux » ? Sa mesquine tentative pour me dépouiller de mon don et m’enfermer pour le restant de mes jours m’a ouvert les yeux sur de nouvelles possibilités. Bien qu’elle ait emporté dans la tombe ses secrets, j’ai de nombreuses années devant moi pour expérimenter et un stock de gibiers inépuisable. La chasse est ouverte.

2 commentaires:

  1. Tiens on recycle ses textes d'AT? Héhé! Ce texte m'a fait penser au joueur d'échec de Zweig, bien que le seul point commun soit le fait que les deux histoires se déroulent sur un bateau lol Ceci dit je remarque que y'a rien eu de posté depuis Février didon!c'est quoi ce lambinage? XD

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  2. Et oui je recycle ;)
    et ca y est j ai poste quelque chose ! ;)

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